Delphes Express 6 : Nuit noire, feat. Or Noir
Bienvenue sur Delphes Express. Tous les matins, une actu du présent qui vous aide à comprendre le futur – plus vite que les autres.💡
Aujourd’hui, désert, pétrole et voie lactée.
Que peut-on trouver au sud-est du Nouveau-Mexique ?
En surface, beaucoup de rien, un peu de pas grand-chose.
En sous-sol, énormément de pétrole.
En l’air, la nuit, une vue magnifique sur les étoiles. Une rareté, alors que 80 % de l’humanité (dont 99% des Américains et des Européens) vit dans un environnement sujet à de la pollution lumineuse.
Ce contexte particulier a donné lieu à un événement pour le moins inhabituel : une association œuvrant pour la protection de l’environnement qui loue publiquement l’action d’une compagnie pétrolière. Vous pouvez le dire : il vous fallait bien un oracle pour découvrir ça !
L’association Dark Sky, qui milite pour contenir la pollution lumineuse, a publiquement reconnu l’action de Franklin Mountain Energy (FME), une compagnie pétrolière basée dans le Colorado, pour les améliorations apportées à trois sites nouveau-mexicains.
Les changements effectués par FME : une réorganisation complète des systèmes d’éclairage, permettant de réduire de 99% la dispersion de lumière des sites. Le tout, en maintenant les standards de sécurité nécessaires à un fonctionnement de l’appareil productif 24h sur 24. Externalité positive de la manœuvre : -60% sur la facture liée à l’éclairage.
Cette information impose tout d’abord une conclusion indéniablement positive : si même une entreprise qui extrait du pétrole jour et nuit (de schiste qui plus est) réussit à réduire son impact environnemental, tout le monde le peut.
Une fois passée l’euphorie initiale, la nouvelle appelle de nombreuses interrogations plus nuancées, et ouvre un champ des possibles extrêmement large. Pour le comprendre, complétons la question suivante :
Et si demain les industries polluantes se concentraient sur les pollutions dites “périphériques” pour remplir leurs objectifs environnementaux…
Verrait-on un recul des efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre ?
La réduction des pollutions lumineuse et sonore permettrait-elle de passer un palier dans la protection de la biodiversité ?
Risquerait-on de voir un krach chez les producteurs d’ampoules ?
Créerait-on les conditions pour une rupture technologique dans le contrôle du son et de la lumière ?
Pourrait-on voir un « cygne noir positif » – Nassim Taleb, un must read – un progrès inattendu à l’impact massif ? Hypothèse : le développement d’une nouvelle forme de lubrifiant mécanique, pensée pour réduire la pollution sonore, qui permettrait de faire gagner tous les moteurs en efficacité.
Vous en voyez d’autres ? Faites-le savoir à votre oracle en commentaire ou par le biais d’un message.
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