AADF 67 : Création, royalties et pragmatisme nordique
Bienvenue sur A l’Aube du Futur, votre condensé matinal de trois articles à surveiller, sélectionnés avec un objectif : repérer les signaux faibles d’aujourd’hui, à l’aube de leur développement, avant qu’ils ne façonnent notre futur.
Aujourd’hui : droits d’auteur, rééquilibrage et marché norvégien.
Adaptation…
Les majors de l’industrie musicale (Universal, Sony, Warner) négocient des accords financiers avec les startups spécialisées dans la musique par IA pour se faire rémunérer lorsque les créations de leurs artistes sont utilisées pour entraîner des modèles et pour générer de nouveaux morceaux.
La piste privilégiée à ce stade est de s’inspirer du Youtube Content ID, une base de données permettant identifier les créations utilisant une bande son protégée par des droits d'auteur.
Ce système permet à la fois aux artistes d’être rémunérés et de s’opposer aux usages qu’ils considèrent inappropriés.
Intérêt :
Après le feuilleton Soundcloud évoqué dans AADF 51 et AADF 54, un signal qui nous montre que création artistique et IA ne sont pas condamnées à être incompatibles.
Si l’innovation a plutôt tendance à émaner de petits acteurs agiles, tout semble indiquer que les nouveaux usages en matière de droits d’auteur commenceront par les géants des industries créatives, qui disposent d’une puissance suffisante pour entrer dans un rapport de force avec les acteurs de l’intelligence artificielle.
Questions :
Les négociations entreprises par les majors s’apparentent à un travail de régulation dont la puissance publique, régulateur par excellence, est exclue. L’IA va-t-elle être un vecteur “d’uberisation de la régulation” ?
Et si demain, l’innovation périphérique à l’IA suivait le cycle suivant : les grands acteurs d’un secteur négocient avec les acteurs de l’IA, émettent des cahiers des charges pour des solutions technologiques en fonction des résultats de ces négociations, et laissent des startups entrer en compétition pour accéder aux marchés ainsi créés ?
Un mode de fonctionnement qui ressemble beaucoup à… La commande publique.
Au début des années 2000, lorsque l’industrie du disque était menacée par le piratage intempestif de la musique, elle a été sauvée par la sortie de l’iPod et l’arrivée d’iTunes, qui ont forcé le retour de la musique payante. Dans le cas de l’IA, va-t-on voir émerger un nouvel appareil qui va rééquilibrer les rapports de force ?
… et motivation.
Le fonds d’investissement britannique Bridgepoint Group prend une position minoritaire dans l’entreprise Rezonate Music Rights.
Une entrée au capital associée à une injection de 150 millions de dollars pour acheter les droits d’auteur d’acteurs techniques (ingénieurs du son, producteurs vocaux) qui travaillent avec les grands artistes.
Questions :
Et si demain, l’IA rééquilibrait les équilibres internes à l’industrie musicale ?
Et si l’IA, par sa capacité à créer de la musique en s’inspirant de briques disparates de centaines de millions de chansons différentes, créait autant de valeur pour le travail d’un ingé son que pour celui d’un chanteur ?
Bulle d’indices
Alors que les ventes de Tesla chutent à travers l’Europe (cf. AADF 64), elles augmentent dans un pays : la Norvège (+8,3% depuis le début de l’année).
Cette augmentation a deux explications :
93% des nouvelles immatriculations norvégiennes sont des véhicules électriques.
Bien que les norvégiens n’aiment pas Elon Musk, ils privilégient la qualité du produit qu’ils achètent et ne ressentent pas de honte à soutenir son entreprise.
Questions :
Si la tendance actuelle, maintes fois évoquée dans nos colonnes, est à la politisation des entreprises, le risque de comportement militant des consommateurs peut-il motiver un retour à la neutralité des acteurs économiques ?
Bonus :
L’occasion de citer une phrase de Michael Jordan dans la docu-série The Last Dance. Interrogé par les journalistes de Netflix sur son choix de ne jamais prendre de positions politiques, il avait répondu : “Republicans buy Jordans too”.