AADF 57 : Imports, migrants et dominants
Bienvenue sur A l’Aube du Futur, votre sélection matinale de trois signaux du présent, qui vous aident à appréhender le futur.
Aujourd’hui : expulsions, énergie solaire et excédents commerciaux.
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Pragmatisme
Le premier vol “d’auto expulsion” d’immigrés clandestins a quitté les Etats-Unis hier.
Une procédure mise en place par l’administration Trump qui offre aux immigrés en situation irrégulière un billet d’avion et un chèque de 1,000 dollars pour retourner volontairement vers leur pays d’origine.
Intérêt :
Au-delà des considérations éthiques - évidemment importantes - il est probable qu’un chèque de 1,000 dollars soit un argument attractif pour des populations se trouvant souvent en situation précaire.
C’est d’autant plus vrai que ces 1,000 dollars représentent un pouvoir d’achat multiplié dans leur pays d’origine.
Un chèque de 1,000 dollars coûte moins cher à l’Etat américain qu’une enquête et une procédure judiciaire pour une expulsion forcée.
Une procédure de départ volontaire réduit le risque que les pays d’origine des personnes expulsés ne les refusent à la frontière, comme ce fut le cas de l’Algérie en mars.
Question :
Et si demain, le modèle “d’expulsions rémunérées” se généralisait ?
Et si demain, des réseaux de passeurs créaient un modèle économique basé sur ces “primes d’expulsion” ?
Source : https://www.axios.com/2025/05/19/self-deportation-flights-1000-dollars
Coup de jus
Google achète 600 mégawatts de capacité de production d’énergie solaire à EnergyRe, entreprise basée en Caroline du Sud.
Ce nouveau contrat porte à 16 gigawatts le total des projets de production d’énergie engagés par Google.
Ils s’inscrivent dans la volonté de l’entreprise, et de la majorité des grands acteurs de la tech, d’atteindre le net zero carbone d’ici 2030.
Intérêt :
La quête du net zéro des géants de la tech se fait en acquérant leurs propres capacités de production d’électricité plutôt qu’en passant par le réseau public.
Les 16 gigawatts de Google équivalent à un quart de la capacité de production du parc nucléaire Français.
Cette acquisition massive de capacités n’est pas sans rappeler la stratégie d’Amazon dans les années 2000, qui a utilisé le e-commerce comme un outil de financement de data centers, avant de faire d’Amazon Web Services son produit le plus lucratif (15% du chiffre d’affaires, 50% des bénéfices).
Question :
Et si demain, les géants de la tech pivotaient pour devenir des énergéticiens ?
Et si demain, ils disposaient de capacités de production énergétique supérieures à la plupart des Etats ?
China out ?
La proportion des produits importés par les Etats-Unis et l’Europe depuis la Chine est en baisse constante depuis 2019.
Intérêt :
Une tendance intéressante à suivre, qui peut avoir de nombreuses implications :
Hypothèses :
L’industrie chinoise a perdu des clients lors de la crise du COVID, puis récemment avec les tarifs douaniers de l’administration Trump. Dans cette hypothèse, la perte de parts de marché constatée constituerait un manque à gagner durable et un frein à la croissance chinoise.
La montée en gamme technologique et le développement économique de la Chine font qu’elle est moins attractive pour les entreprises étrangères souhaitant produire à bas coût. Cette hypothèse impliquerait probablement que des entreprises chinoises délocalisent une partie de leur production dans d’autres pays, notamment d’Asie du Sud-Est.
La Chine fournit l’industrie des autres pays en amont avec notamment des machines de production, des matières premières ou des composants spécifiques (batteries automobiles par exemple). Sa part directe dans les importations européennes et américaines serait ainsi en baisse, mais son influence serait en réalité maintenue voire en hausse.